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L’Investissement Socialement Responsable (ISR) : entre promesses et réticences des épargnants

  • Photo du rédacteur: Marceau KIPFER
    Marceau KIPFER
  • il y a 5 jours
  • 5 min de lecture

L’investissement socialement responsable (ISR) connaît un essor considérable, porté par la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux et sociaux. En 2025, plus de 25 % des encours sous gestion en France étaient investis dans des fonds intégrant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Pourtant, malgré ces avancées, de nombreux épargnants restent sceptiques et hésitent à allouer une part significative de leur portefeuille à l’ISR.

Quels sont les atouts de l’ISR ? Pourquoi peine-t-il encore à convaincre une large partie des investisseurs ? Éclairage sur les opportunités et les défis de cet investissement qui se veut vertueux.



1. Les promesses de l’ISR : un investissement aligné avec les valeurs des épargnants

L’ISR repose sur un principe simple : combiner performance financière et impact positif sur la société et l’environnement. Son attractivité repose sur plusieurs promesses fortes.

1.1. Un levier pour un avenir durable

L’ISR permet aux investisseurs de donner un sens à leur épargne en soutenant des entreprises et projets engagés dans la transition écologique, la lutte contre les inégalités ou la promotion de bonnes pratiques de gouvernance. Par exemple, les fonds labellisés ISR en France doivent répondre à des critères stricts garantissant un impact mesurable.

Exemple concret : Le fonds BNP Paribas Aqua, dédié à la gestion durable de l’eau, investit exclusivement dans des entreprises qui développent des solutions pour la préservation et la distribution de l’eau potable.

1.2. Une performance financière compétitive

Contrairement aux idées reçues, l’ISR n’implique pas nécessairement un sacrifice en matière de rentabilité. Plusieurs études démontrent que les entreprises engagées dans des démarches ESG obtiennent de meilleures performances sur le long terme, car elles sont moins exposées aux risques environnementaux, sociaux et réglementaires.

📊 Données clés :


  • En 2023, les fonds ESG des grandes entreprises européennes ont enregistré une performance moyenne de 11,2 %, contre 11 % pour les fonds traditionnels. *


1.3. Une meilleure gestion des risques

Les entreprises adoptant une approche ESG sont généralement plus résilientes face aux crises économiques et aux évolutions réglementaires. Par exemple :


  • Les entreprises fortement exposées aux énergies fossiles sont confrontées à des risques accrus de réglementation stricte sur le climat.

  • Les entreprises ayant de bonnes pratiques de gouvernance évitent les scandales financiers et les controverses qui peuvent détruire de la valeur pour les actionnaires.


Cas concret : Le scandale Volkswagen sur les émissions truquées a démontré que le non-respect des critères ESG pouvait engendrer une chute brutale de la valorisation boursière, entraînant une perte de 30 milliards d’euros pour le groupe.



2. Les réticences des épargnants : entre méfiance et manque de clarté


Malgré ces avantages, l’ISR peine encore à convaincre de nombreux épargnants, notamment en France, où seulement 16 % des investisseurs individuels détiennent des fonds ISR *. Plusieurs freins expliquent cette réticence.

2.1. Une méfiance grandissante envers le "greenwashing"

Le greenwashing : cette pratique consistant à survendre des engagements écologiques sans fondement réel est un obstacle majeur à l’adhésion des épargnants à l’ISR. De nombreuses entreprises mettent en avant leur label "vert" sans que leurs pratiques soient véritablement durables.


📉 Exemple problématique :


  • En 2022, une enquête de la Commission européenne a révélé que 42 % des affirmations environnementales des entreprises européennes étaient exagérées ou trompeuses.*

  • Plusieurs fonds estampillés ESG continuent d’investir dans des entreprises polluantes, ce qui jette le doute sur leur crédibilité.


Solution : Renforcer la transparence en imposant des audits externes et en développant des labels plus exigeants, comme le Label Greenfin en France, qui exclut toute entreprise liée aux énergies fossiles.


2.2. Un manque de clarté et de pédagogie sur les critères ESG

L’univers de l’ISR est perçu comme complexe et opaque par de nombreux investisseurs particuliers, qui peinent à comprendre ce qui différencie un fonds responsable d’un fonds classique.

📊 Problème principal :


  • 45 % des épargnants estiment ne pas avoir assez d’informations claires sur les fonds ISR*.


Solution :


  • Développer des outils pédagogiques accessibles, comme des simulateurs d’investissement ESG permettant aux épargnants de comparer facilement les impacts réels des fonds ISR.

  • Standardiser les critères ESG pour faciliter leur compréhension et garantir une homogénéité entre les différents labels.


2.3. Une perception erronée des performances de l’ISR

Certains épargnants considèrent encore que les fonds ISR offrent des rendements inférieurs aux fonds traditionnels. Pourtant, comme mentionné précédemment, plusieurs études démontrent que l’ISR peut être aussi performant, voire plus rentable, à long terme.

📉 Origine du problème :


  • Les performances des fonds ISR ont été parfois moins bonnes en 2022 en raison de la hausse des prix des énergies fossiles, ce qui a renforcé l’idée que l’ISR était moins rentable.

  • Certains investisseurs ne prennent pas en compte l’horizon d’investissement à long terme, alors que l’ISR se distingue surtout par sa résilience face aux crises.


Solution :


  • Mettre en avant les performances passées et les perspectives de l’ISR sur le long terme.

  • Proposer des incentives fiscaux pour encourager les placements responsables, à l’image du Plan d’Épargne en Actions (PEA) ISR lancé récemment.




3. Vers une adoption massive de l’ISR ?

Pour accélérer la démocratisation de l’ISR, plusieurs actions peuvent être mises en place :

 Améliorer la transparence et la régulation : Renforcer l’encadrement des labels ISR et lutter contre le greenwashing. ✔ Faciliter l’accès aux produits ISR : Encourager les banques et gestionnaires de fonds à simplifier leurs offres et à intégrer des produits ISR accessibles aux particuliers. ✔ Mieux informer et éduquer les investisseurs : Développer des supports pédagogiques pour mieux comprendre les critères ESG et l’impact réel de leurs placements.

Tendance positive :


  • Le Règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) de l’Union européenne oblige désormais les fonds à classer leurs produits en fonction de leur niveau d’engagement ESG, une avancée majeure pour la transparence.

  • La prise de conscience des enjeux climatiques et sociaux continue de croître, poussant de plus en plus d’investisseurs à se tourner vers l’ISR.




Conclusion

L’ISR représente une véritable opportunité pour les épargnants de donner du sens à leur argent, sans pour autant sacrifier la performance financière. Pourtant, le manque de clarté, la méfiance envers le greenwashing et la perception erronée de sa rentabilité freinent encore son adoption massive.


Avec des régulations plus strictes, une transparence accrue et une meilleure pédagogie, l’ISR pourrait s’imposer comme le standard de l’investissement de demain, à la croisée des impératifs économiques et environnementaux. 


Sources : 

Le Monde, “Investir dans les fonds durables redevient payant”, 14 septembre 2024 

L’Argus de l’assurance, “Epargne : les Français loin d’être convertis à l’ISR”, 12 février 2025

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